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  • Afrique de l'Ouest : coups d'État et jihadisme rebattent les cartes du pouvoir
    Dec 14 2025

    Après le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, le Niger et fin novembre la Guinée-Bissau, le Bénin a bien failli dimanche dernier (7 décembre 2025) être le théâtre d’un coup d’État militaire... Un groupe de mutins emmené par le lieutenant colonel Pascal Tigri a tenté de prendre le pouvoir en lançant à 2h du matin une série d’attaques contre les domiciles de plusieurs hauts gradés, la résidence du chef de l’État, le Palais présidentiel et le siège de la TV nationale.

    Les insurgés y ont enregistré un message proclamant la destitution du président Patrice Talon. Mais l’armée régulière est restée républicaine et fidèle à son serment. Après plusieurs heures d’affrontement, le putsch a échoué. Une douzaine d’insurgés ont été arrêtés par les forces béninoises, épaulées par des troupes et l’aviation nigérianes. Mais des dizaines d’autres dont leur chef ont réussi à s’enfuir.

    Reste beaucoup de questions : le lieutenant colonel Tigri qui se trouverait maintenant à Lomé, au Togo, a-t-il agi de son propre chef ou cette tentative de putsch a-t-elle été commanditée, et par qui ? Cette multiplication des coups d’État ou tentative de coups d’État depuis 5 ans en Afrique de l’Ouest est-elle la conséquence de la menace jihadiste ou traduit-elle un rejet des principes démocratiques ? Quelle est la situation sécuritaire dans la région ? Pourquoi l’alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) n’arrive-t-elle pas à endiguer l’expansion des groupes jihadistes ? Que penser de la stratégie d’asphyxie économique de la junte menée depuis septembre au Mali par le JNIM, affilié à al-Qaida à travers un blocus du carburant ?

    Trois invités :

    - Niagale Bagayoko, présidente de l'African Security Sector Network

    - Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute à Dakar

    - Alain Antil, directeur du Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri.

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  • Trump/Maduro, illustration du retour de l'interventionnisme des États-Unis en Amérique latine?
    Dec 13 2025

    C’est un tournant dans la politique étrangère américaine : publié le 5 décembre par l’administration Trump, la Stratégie de sécurité nationale appelle à restaurer la suprématie américaine sur l’Amérique latine, à lutter contre l’immigration incontrôlée, contre les menaces transfrontalières comme la drogue ou le terrorisme et réactive la doctrine Monroe qui, en 1823, interdisait toute intervention européenne sur le continent américain et réciproquement toute ingérence américaine dans les affaires européennes.

    Aujourd’hui, Donald Trump va plus loin et l’assume. Il étrille les Européens et revendique l’Amérique latine comme sa chasse gardée. Pas question de laisser un pays adverse y positionner des forces ou exploiter des ressources stratégiquement vitales pour les États-Unis. Le document justifie le redéploiement des forces militaires américaines et même l’utilisation de la force létale.

    Des lignes qui expliquent la guerre engagée, depuis fin août 2025, par Donald Trump dans la mer des Caraïbes, au large du Venezuela, pour lutter contre le narcotrafic, avec une armada militaire impressionnante.

    En 3 mois, les frappes américaines contre des bateaux accusés sans preuve de transporter de la drogue ont fait plus de 80 morts. L’ONU dénonce des exécutions extrajudiciaires. Le président Nicolas Maduro, lui, voit dans le déploiement américain un prétexte pour le renverser et s’emparer des réserves pétrolières de son pays... Et la tension est encore montée cette semaine. Dans une interview au site Politico mardi, Donald Trump a déclaré à propos de Maduro «ses jours sont comptés» tout en évitant de répondre sur l’envoi de troupes américaines au sol.

    Jusqu’où ira Donald Trump au Venezuela : veut-il vraiment combattre les narcotrafiquants ou d’abord faire tomber sa bête noire, Nicolas Maduro ? Comment les États-Unis comptent-ils contrer l’accès de la Russie et de la Chine aux ressources pétrolières et minières du continent sud-américain ? Quelle est l’influence de Washington sur la contagion populiste qui frappe la région ? Ce bras de fer Trump/Maduro illustre-t-il le retour de l'interventionnisme américain en Amérique latine ?

    Avec

    - Maud Quessard, spécialiste de politique étrangère américaine, directrice du domaine «Europe, Espace Transatlantique Russie» à l’IRSEM. Autrice de «La puissance sans principe. Géopolitique du trumpisme», étude de l’Irsem N°126 parue en septembre 2025

    - Thomas Posado, maître de conférences en Civilisation latino-américaine contemporaine à l’Université de Rouen, auteur de «Venezuela : de la révolution à l’effondrement», aux Presses Universitaires du Midi

    - Jean-Jacques Kourliansky, directeur de l'Observatoire de l’Amérique latine et des Caraïbes à la fondation Jean Jaurès, a publié «Progressisme et démocratie en Amérique latine 2000-2021» aux éditions de l’Aube.

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  • Un an de pouvoir d'Ahmad Al-Charaa. Syrie, un pays en réanimation?
    Dec 7 2025

    Le 8 décembre 2024, il y a un an, Bachar al-Assad le dictateur syrien quittait Damas pour Moscou, après la prise de la capitale syrienne par les rebelles de Hayat Tahrir al Cham. Surnommé le «boucher de Damas», Bachar al-Assad dirigeait le pays depuis juillet 2000, succédant à son père Hafez al-Assad, dictateur non moins sanguinaire à la tête du pays depuis 1971. Un chapitre de plus d’un demi-siècle d’horreur, de massacres et d’oppressions se refermait pour le peuple syrien. Non sans séquelles.

    À la surprise générale, l’opération des rebelles se déroula en un éclair. Il ne leur fallut pas plus de dix jours pour faire tomber le régime que l’on pensait inébranlable, après 12 années de guerre, plus de deux millions de morts, environ 500.000 disparus et 12 millions de Syriens déplacés à cause de la violence liée au conflit, soit la moitié de la population. Regard sur la Syrie du président Ahmad al-Charaa. Difficultés économiques et sociales, séparation des communautés, insécurité, les défis sont nombreux. Luttes internes, ingérences régionales, pression d’Israël. La Syrie reste un espace stratégique central pour les grandes puissances : sa position géographique, ses accès aux routes régionales, son rôle dans l’équilibre du Levant et les multiples présences militaires en font un territoire où intérêts géopolitiques et enjeux de sécurité internationale s’entrecroisent. Quelles perspectives démocratiques en Syrie, pays au centre des rivalités régionales ?

    Invités :

    • Fabrice Balanche, maître de conférences à l’Université Lyon 2, spécialiste du Moyen-Orient. «Les leçons de la crise syrienne», éd. Odile Jacob, ouvrage récompensé par le prix du livre Géopolitique.
    • Hakim Khaldi du Département des Opérations de Médecins sans Frontières à Paris. Spécialiste du Moyen-Orient à MSF où il a effectué de nombreuses missions. «Carnets de bord. Dans la Syrie post-Assad», éd. L’Harmattan.
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  • Quand le premier quart du XXIè siècle touche à sa fin
    Dec 6 2025

    Le premier quart du XXIè siècle touche à sa fin, marqué par la guerre et les révolutions technologiques. Le monde est souvent décrit à travers des grilles simplificatrices : rivalité entre grandes puissances, retour des blocs. Une analyse plus fine met en avant la logique du système international, les dynamiques profondes des sociétés, ou encore les crises civilisationnelles qui traversent de nombreuses régions du monde.

    Quel regard porter sur les bouleversements actuels et les marges de manœuvre de l’Europe dans cet environnement incertain ?

    Invité :

    Thierry de Montbrial, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques. Fondateur et président de l’Institut français des relations internationales. Fondateur et président de la World Policy Conference. «L’ère des affrontements», Dunod. Prix spécial du Livre Géopolitique.

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  • L’Ukraine et l'avenir de la sécurité européenne: quelles recompositions géopolitiques?
    Nov 30 2025

    La guerre d’Ukraine a profondément bouleversé les équilibres géopolitiques en Europe. Elle a mis fin à l’illusion d’un continent définitivement pacifié, ravivé les logiques de blocs et provoqué un réarmement accéléré des États européens. L’Europe est sous pression qui doit à la fois se repenser et repenser en profondeur son modèle de défense.

    Le renforcement de la menace russe, hybride, cyber, militaire et informationnelle, combinée à la dépendance persistante envers les États-Unis qui la brutalisent, met en lumière les fragilités structurelles de la défense européenne. Si l’OTAN a retrouvé une centralité stratégique, une coordination renforcée des États européens sur les plans stratégique, capacitaire et opérationnel s’impose. Le conflit ukrainien interroge aussi la souveraineté, les frontières et les rapports de puissance sur le continent. Comment la guerre en Ukraine reconfigure-t-elle durablement l’architecture de sécurité européenne ?

    Invités :

    • Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Chine, au Royaume-Uni et en Russie. «L'ours et le dragon. Russie/Chine. Histoire d'une amitié sans limite», éd. Tallandier
    • Général Vincent Desportes, essayiste, conférencier, ancien directeur de l’Ecole de guerre.
    • Laurent Griot, enseignant chercheur à Grenoble École de Management, spécialiste des risques géopolitiques d’économie de la défense.
    • Pascal Boniface, directeur de l’IRIS. «Géostrategix». L'intégrale Tomes 1 et 2. éd. Dunodgraphic.

    Émission enregistrée à Grenoble dans le cadre des Géopolitiques de Grenoble. Initiative IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques / GEM (Grenoble École de Management).

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  • Les États-Unis à l'heure de Trump: quelle influence sur l'ordre mondial?
    Nov 29 2025

    On n'a de cesse d’évoquer la rupture profonde à laquelle on assiste dans la tradition diplomatique américaine.

    Cela va de la dénonciation des accords multilatéraux, ou de la réorientation stratégique vers un unilatéralisme assumé à la remise en cause des alliances historiques : la politique étrangère américaine s’est redéfinie sous le sceau d’un nationalisme décomplexé, voire d’un révisionnisme tant l’on voit les États-Unis chercher à tout prix aujourd’hui à renverser cet ordre mondial qu’ils ont eux-mêmes créé.

    Cette redéfinition ou ce révisionnisme a des conséquences majeures sur les équilibres géopolitiques, les rapports de force internationaux et la légitimité des institutions globales. Dans quelle mesure la présidence Trump transforme-t-elle la place des États-Unis dans l’ordre mondial et redéfinit les logiques de puissance à l’échelle internationale ? Cette rupture de la stratégie américaine est-elle liée à la personnalité de Trump, à l’évolution sociologique des États-Unis ou à la bascule géopolitique mondiale ?

    Pour en discuter :

    • Sylvie Matelly, économiste et directrice de l’Institut Jacques Delors. Son dernier ouvrage, «Géopolitique de l’économie» aux éditions Eyrolles.
    • Marie-Cécile Naves, directrice de recherche à l’Iris. Autrice de «Géopolitique des États-Unis» nouvelle édition 2025 chez Eyrolles et de la newsletter «MC Géopo».
    • Cécile Ondoa Abeng, consultante en relations internationales et ancienne conseillère du président Macron pour l’Amérique et la prospective internationale.
    • François Clémenceau, éditorialiste international à BFMTV et la Tribune du Dimanche.

    Émission enregistrée à Grenoble dans le cadre des Géopolitiques de Grenoble. Initiative IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques / GEM (Grenoble École de Management).

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  • Comment l'Occident s'est-il fracturé ?
    Nov 23 2025

    Les fractures qui traversent l’Occident et redessinent l’ordre international sont nombreuses. Fractures stratégiques, fractures politiques, fractures démocratiques. Quelque chose ne va plus dans l’Occident, quelque chose s’est brisé, sournoisement, progressivement, que nous n’avons pas vu venir. Qu’avons-nous raté ? Comment comprendre ce vent de folie qui fracture l’Occident ? Comment répondre, contrecarrer, freiner, voire arrêter le triomphe d’un autoritarisme à venir ?

    Le système international semble en perte de repères. Crise du libéralisme, affaiblissement des institutions multilatérales, incertitudes pour l’alliance transatlantique.

    Invitée : Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors. Professeure émérite au Conservatoire des Arts et Métiers et ancienne présidente du Conseil d’administration de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale. «Fractures dans l’Occident. Comment en est-on arrivé là, comment en sortir ?», Odile Jacob.

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  • La COP 30 de Belém a-t-elle été le sommet d'une ambition renouvelée ?
    Nov 22 2025

    Depuis l’Accord de Paris en 2015 visant à limiter l’augmentation des températures du globe en dessous de 2°C, le climat s’est réchauffé plus vite qu’attendu. 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Les plus gros émetteurs que sont les États-Unis, la Chine et l’Inde n’ont pas réellement tenu leurs engagements. Donald Trump a même boudé la rencontre de Belém, tandis que les Européens se présentent toujours comme le pilier de l’ambition climatique mondiale.

    Du réchauffement climatique nous sommes passés à l’ébullition climatique, selon la mise en garde du secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutierrez. Et la vie sur terre est questionnée. Aléas et phénomènes extrêmes -sécheresses, inondations, tempêtes et autres ouragans- deviennent de plus en plus fréquents, menaçant de submersion des zones côtières, voire des pays entiers, par la montée des mers rendue inéluctable du fait du réchauffement des océans. Les mutations climatiques rebattent les cartes du pouvoir mondial. Les pays du Sud accusent les pays du Nord d’hypocrisie ; les grandes puissances fossiles défendent leurs intérêts et dans le même temps, certains acteurs émergent comme moteurs de la transition. Bilan de la COP30.

    Invité :

    François Gemmene, professeur à HEC. Président du Conseil Scientifique de la Fondation de la Nature et l’Homme. Auteur principal du 6è rapport du GIEC.

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